Iodysséus, une plateforme sportive et scientifique au format Ultim
Pourquoi un trimaran de course ?
C’est l’une des questions qui nous sont les plus fréquemment posées. Le premier cercle de nos partenaires et mécènes (Océanopolis, Drekan Groupe, Cégelec, Brest Métropole….) a pu apprécier les éléments de réponse concrets lors de sorties en Mer d’Iroise, au large de Brest, au mois de juin, à bord d’un géant des mers appartenant à la catégorie des Ultim.
Réponse 1, la vitesse de déplacement soit des moyennes supérieures à 20 nœuds,
des pointes à plus de 30. Au-delà des sensations procurées, ces polaires de navigation sont à la base du programme Iodysséus. Un multicoque de ce format évolue à la vitesse même des systèmes météo qu’empruntent les aérosols marins, issus des embruns, au dessus de l’Océan. Le défi du programme Iodysséus repose justement sur sa faculté à poursuivre et intercepter ces aérosols puis de mesurer leurs interactions avec le phytoplancton en temps quasi réel. L’objectif est de rapporter sous forme d’échantillons valides et contextualisés des informations échappant souvent aux autres moyens océanographiques.
Réponse 2, la propulsion sous voile garantit des échantillons biologiques fins non souillés
par des particules de carbone, captés à hauteur de mât, c’est à dire 30 mètres au-dessus de la surface. C’est grâce à l’usage de la voile que le chercheur Assaf Vardi de l’institut Weizman, pionnier d’une nouvelle océanographie a pu mettre en évidence le rôle d’un virus dans l’extinction des blooms ou efflorescences de phytoplancton (2015). Jusque-là, on ignorait même que des virus puissent se propager par voie d’aérosols marins. Des moyens conventionnels n’auraient sans doute pas permis de le découvrir.
Réponse 3, un multicoque est plus stable en navigation qu’un voilier conventionnel (monocoque),
au sens où les angles de gîte (inclinaison sous l’effet du vent) sont très inférieurs pour une performance le plus souvent supérieure. On pourrait dire plus confortable. Mais il s’agit en l’occurrence d’efficacité pour le fonctionnement des senseurs bio-optiques et biocapteurs du bord ainsi que pour le travail des scientifiques. Le format d’un trimaran permet d’embarquer des équipes de quatre chercheurs dans des conditions « sportives » mais acceptables de tenue à la mer lors de campagnes à vocation exclusivement scientifiques.
Réponse 4, connaissance et sensibilisation du public à la biodiversité marine sont les deux objets du programme Iodysséus.
À cet égard, une plateforme spectaculaire, tel un trimaran Ultim, représente un vecteur de communication sans équivalent. Le programme Iodysséus projette sa participation à un certain nombre de courses océaniques et de grands records, dans une configuration allégée du navire (instrumentation scientifique simplifiée), destinés à valoriser l’investissement des mécènes et partenaires d’Iodysséus (le faire-savoir) et à délivrer un message sur la biodiversité marine.
Il s’agit pour Iodysséus de disposer d’une machine compétitive sans pour autant être de dernière génération, capable de s’attaquer à des records internationaux à porté d’un navire un peu plus ancien mais fiabilisé. Ces événements serviront de support à des actions pédagogiques conduites par des spécialistes de la vulgarisation scientifiques comme le biologiste Pierre Mollo.
Les sorties de juin 2018 ont permis de parachever le cahier des charges et l’architecture de l’instrumentation scientifiques d’Iodysséus (pompes, biocapteurs, systèmes d’acquisition et de transmission des données, conservation des échantillons), une ingénierie spécifique développée sous la supervision d’experts réputés, tel Emmanuel Boss, coordinateur de la bio-optique pour les satellites de la NASA.
Ces navigations ont permis également la démonstration d’une application révolutionnaire capable d’identifier en temps réel des micro-organismes et du phytoplancton présents dans l’eau, à un instant T. Cet outil exclusif en cours de développement accompagnera Iodysséus dans ses missions. Nous vous le dévoilerons dans une prochaine édition.